mardi 10 novembre 2009

ROGUE TRADER, PROLOGUE - PART.2 : RESUME



Le monde tournoie, s’ébroue, s’ébranle, tangue, bascule au-dessus de sa tête… Au gré de ses manœuvres, la pénombre, les astres, les nuages de gaz virevoltent et spiralent tout autour de lui, flous et confus. Devant lui, son ennemi vire soudain à tribord. Il agrippe le manche de pilotage de sa main de fer et tire de toutes ses forces, tandis que son autre, recouverte d’electoos, papillonne sur les écrans de contrôle pour ajuster vitesse et trajectoire d’un simple influx électrique. D’une caresse, il coupe les moteurs, active les rétrofusées, et sent son corps s’arcbouter sous la pression.

Le manche tremble avec violence, mais il ne relâche pas sa poigne d’un millimètre. L’appareil cahote, agité de féroces secousses, pendant ce qui semble être une éternité. Des alarmes résonnent dans le cockpit. Des voyants s’allument. Il laisse son Lightning ‘décrocher’. Une fraction de seconde. Juste une fraction de seconde. Puis il rallume ses réacteurs au maximum de leur puissance. Sous le coup de l’accélération, son casque se colle à son siège. Le vaisseau se redresse en un arc brusque et abrupt. Pile dans le dos de l’ennemi.

Au-delà du cockpit, tout n’est que chaos et destruction. Les tirs zèbrent l’obscurité de l’espace, dans un silence de mort. Les salves des macrocannons qui irradient de la frégate impériale strient le ciel en vagues successives, tandis que des explosions bourgeonnent et se fanent dans leur sillage. Un spectacle presque paisible. Tranquille. Serein.

Son Lightning transperce l’épais panache de fumée noire qui s’échappe des réacteurs de l’appareil adverse et qui stagne, comme figé dans l’espace. Ses yeux sont fixés sur sa cible. Rien ne pourra les en détourner. Rien d’autre n’existe. Rien que lui et sa proie. Le chasseur ennemi fait plusieurs embardées, louvoie pour tenter de le semer, mais rien n’y fait. L’étau continue de se resserrer indéniablement. Qu’il le veuille ou non, il sait déjà à l’avance ce qu’il va faire, et ses serres sont prêtes à se planter dans son dos. Son adversaire tente une dernière manœuvre aussi désespérée que vaine. Prévisible. Si prévisible… Son doigt se pose sur la gâchette. Sur son écran de contrôle, son viseur vire au rouge, fixé sur la cible, et un léger sifflement d’avertissement résonne dans l’habitacle. Il le tient. Ils finissent tous par tomber… Malgré son sourire, une étrange lassitude le gagne. Clic.

Les mitrailleuses crachent. Etincelles fugaces qui naissent et meurent sans un bruit. Le chasseur se cabre, se déporte soudainement. Sebastion plisse légèrement les yeux, presque aveuglé par la luminosité. Ganf Magna se dévoile, titanesque globe suspendu dans l’espace. Ses yeux se posent sur ses continents, recouverts de jungles luxuriantes, ses océans d’un bleu topaze, son atmosphère d’un bleu pâle et irisé… Une seconde rafale. Dans un déluge de flammèches, ses tirs heurtent le blindage hétéroclite de son adversaire. Des bouts de tôle rivetés et gondolés et un bric-à-brac de poutres de métal imbriquées giclent et tournoient dans l’espace… Les bolts scarifient sa coque à la peinture rouillée et écaillée, érafle l’insigne de son escadron : une gueule béante, tenant une hache entre ses dents acérées, peint de manière grotesque et sans finesse aucune…

Le rugissement de l’Ork sature ses récepteurs Vox. Bon sang, ne pouvaient-ils pas apprendre à utiliser des fréquences spécifiques ?

Une fine fumée ne tarde pas à émaner de l’aileron et des réservoirs de l’appareil. Le Fighta Ork crachote flammes, fumées et vapeurs de Prométhéum. Probablement sur les conseils de son imbécile de copilote Gretchin, la brute épaisse qui sert de pilote au Fighta tente de se mettre à l’abri en filant vers l’atmosphère. Pathétique. Et complètement stupide.

La proue du Fighta rougeoie au contact de l’atmosphère, et le chasseur s’embrase soudain, tandis que les flammes gagnent les réservoirs. Le vaisseau n’est plus qu’une torche ardente qui se désagrège petit à petit. L’Ork hurle et noie les glapissements de terreur du Gretchin… Dans une déflagration de carburant enflammé et de fumée noire, son adversaire se décompose pour ne laisser que silence et cendres…

Sebastion vire à bâbord. Devant lui se profile la silhouette noire de la frégate impériale et de son escorte. Des transports de troupes sont en train de filer vers la planète, avec à leur bord des milliers de soldats entassés et prêts à se déverser sur sa surface pour venir en renfort aux forces de défense planétaire assiégées… Il imagine les mines sombres et déterminées des conscrits. Les vétérans du 18e Fenksworldien devraient être en train de vérifier une dernière fois leurs armes, les sadiques spadassins du 44e Malfien, quant à eux, aiguisent probablement leurs lames. Quant aux barbares du 117e Fedridien, ils devaient sans doute s’adonner à des rituels païens et abjects afin d’implorer la bienveillance des esprits de leurs ancêtres…

Soudain, des tirs viennent se fracasser sur les boucliers énergétiques du Lightning, projetant des flashs de lumière iridescente le long du cockpit. Sebastion est tiré de sa rêverie. Ses yeux dardent un temps vers la frégate, prise à parti par deux Raiders Orks. Leurs lances d’abordage sont déployées, et s’apprêtent à frapper, malgré la sévérité des dégâts que leur causent les cannons impériaux. Puis ses yeux se fixent sur le chasseur qui a osé le toucher, qu’il peut vaguement apercevoir derrière lui. Il accélère.

Les tirs fusent autour de lui, mais il les esquive sans difficulté. Il coupe brusquement, enclenche ses rétrofusées. Le Fighta qui l’avait pris en chasse est pris au dépourvu, et passe devant lui sans avoir compris sa manœuvre. La torpille de Sebastion fustige l’appareil ennemi, qui explose en milliers de fragments incandescents.

A côté de lui, un vaisseau de son escadron est abattu. Encore un mort sous son commandement… Les échanges sont sévères, le combat acharné. Ces Orks avaient beau être stupides, leur ténacité était exemplaire, et leur témérité avait de quoi leur donner des sueurs froides.

Le récepteur Vox de Sebastion crépite et grésille. « Mayday, mayday. Transporteur 6354X24 de l’Alliance Céleste demande assistance immédiate. Un Raider Ork nous talonne, on a besoin d’aide… Ils sont presque sur nous ! Par le très saint Empereur-Dieu, ils sont presque sur nous ! » Sebastion scrute du regard les étendues obscures, et ses yeux se posent sur un petit convoi de vaisseaux de ravitaillement civil qui s’extirpe de l’influence gravitationnelle de la planète. Des fermiers colons… Ils n’ont aucune chance.

Derrière eux, un Raider Ork de classe Onslaught les pourchasse, crachant des panaches de fumées noires. Il semble en piteux état. Probablement des guerriers de la Waaagh ! qui avaient décidé qu’il était plus profitable pour eux de piller ce qu’ils pouvaient avant de déserter leur horde.

Un autre message crépite dans le transpondeur. « Appel à tous les vaisseaux. Je répète, appel à tous les vaisseaux. Rendez-vous coordonnées 457V54, 1422T78 pour assaut sur la colonie n°1. » Sebastion réfléchit. Ses yeux sont fixés sur le convoi civil, à la merci des pillards xenos. Il active son émetteur. « Cormoran à Albatros, je m’occupe de l’Onslaught. » La réponse ne tarde pas. « Albatros à Cormoran. Lieutenant, nos ordres sont clairs. Nous devons… » Sebastion regarde les lances d’abordage du Raider se déplier. « Je connais les ordres. Couvrez-moi, Albatros. » Un court silence. « Bien, mon lieutenant ».

Sebastion vire vers sa cible, tandis que le reste de l’escadron file à travers l’atmosphère. L’Onslaught grossit à vue d’œil. Une titanesque embarcation, qui suppure son air vicié et du Prométhéum. Il scrute le vaisseau, en quête d’une brèche, d’un point faible à exploiter. Ses yeux se posent sur une fissure qui zèbre sa coque. Une torpille pourrait faire l’affaire…

Dans son Vox, les voix gutturales des Orks beuglent à n’en plus finir.

- Gooba ! Humains êt’ Kaskrout de Gubaz !
- Kaskrout ! Kaskrout !
- Vos gueul’ ! Pô roz’ tou pour Gubaz !
- Gubaz pas Warboss de Waaagh ! Pô roz’ tout à Grumsnug !
- Gubaz t’bouf tou kru si pas avoir pô roz’ !
- Kai, kai ! Gubaz pas Warboss mé avoir morçô…
- Gro morçô ! Huh ? Kekseksa ?

Soudain, sur le pont supérieur du Raider, il voit les tourelles archaïques pivoter dans sa direction. Il a été repéré. Il zigzague, slalome, tandis que l’artillerie lourde le pilonne… Encore. Encore un peu… Son doigt se pose sur sa gâchette. Maintenant ! Sa torpille file en direction de la brèche. Sebastion tire sur le manche, tout en esquivant les tirs ennemis. Une lumière aveuglante entoure l’appareil alors que la torpille s’abat sur la coque fissurée.

Soudain, des crépitations éclatent tout autour de lui. Il jette un œil derrière lui et aperçoit un Fighta et un Fighta-Bommer qui semblent l’avoir pris en chasse. Sebastion s’éloigne, talonné par le chasseur léger. Mais il remarque vite que le bombardier Ork ne l’a pas suivi, et continue vers le transport civil, frappé des armoiries de l’Honorée Guilde de l’Alliance Céleste.

Il peste, et vire de bord, en esquivant les tirs ennemis. Il met en joue et ouvre le feu sur le Bommer. Ses bolters crachent, vomissent… Mais rien ne semble pouvoir pénétrer l’épais blindage du bombardier. Encore. Encore. Derrière lui, le Gretchin qui pilote la tourelle du Fighta cingle l’air tout autour de son Lightning.

Le bombardier explose, alors que rugit l’Ork à ses commandes. Le Lightning est de nouveau secoué par de terribles déflagrations. Les batteries antiaériennes de l’Onslaught continuent de tirer. Il semble que sa torpille n’ait pas été assez suffisante pour la mise à mort. Il vire et file de nouveau vers le Raider, tout en s’assurant que le Fighta le suive bien. Il a un plan.

Il essuie quelques tirs du chasseur adverse, alors qu’il contourne le Raider tout en se mettant hors d’atteinte de ses canons. Bientôt, il aperçoit la poupe, noyée dans une épaisse fumée ténébreuse. Et entrevoit les réacteurs de l’embarcation Ork. Derrière lui, le Fighta continue de le poursuivre à toute allure. Parfait.

Il décroche à nouveau, tandis que l’Ork, pris de court, conserve sa vitesse et le dépasse. « Huh ? » Le Lightning se met à tournoyer brusquement, mis à l’épreuve d’une violente décélération. Sebastion stabilise non sans mal l’appareil, dans les hurlements des signaux d’alarme. Ajuste son tir. Clic.

Mais l’Ork fait preuve d’une dextérité malheureuse. Il esquive les tirs de Sebastion, et évite de peu le vaisseau allié. Sebastion enrage. Il est désormais en situation délicate, presque immobile, et une proie facile, même pour un stupide Ork. Il tente de prendre un peu de vitesse. Tout ce qu’il peut faire d’autre… Clic.

Ses bolts strient l’espace en direction des moteurs de Prométhéum du Raider. Son doigt se crispe sur la gâchette de longues secondes, tandis que le Fighta amorce une nouvelle descente. Le manche grelotte dans sa main, tandis que les mitrailleuses crachent sans discontinuer.

Les premières salves du Fighta crépitent contre son bouclier et sur son blindage. La pluie de métal devient plus dense, et commence à percer sa carlingue. Allez ! Il entend le rire strident du Gretchin qui le martèle depuis sa tourelle de combat. Puis soudain…

Les moteurs gonflent, se dilatent, se fissurent, révélant un maelström de flammes incandescentes. Le feu gagne les réservoirs de carburant. Et le Raider explose de l’intérieur, depuis la poupe jusqu’à la proue. Gubaz hurle de rage, de frustration. Puis les Vox s’éteignent tout d’un coup. Sebastion tente de naviguer entre les débris, esquivant tôle, rivets et fragments de blindage lourd qui ricochent contre son vaisseau. Le Fighta Ork évite un énorme bout de carlingue qui dérive, encore embrasé, et fonce vers le Lightning. Huh ?

Le Fighta frôle le Lightning, évitant une collision fatale de seulement quelques mètres. Sebastion peut entrevoir une fraction de seconde le Gretchin l’observer de sa tourelle, avec ses grosses lunettes et son antique bonnet d’aviateur, l’air médusé et légèrement incrédule… Puis : Bong. Le chasseur finit sa course dans un énorme morceau de blindage.

Sebastion s’extirpe difficilement du lieu de carnage, esquive une poche de gaz enflammée, passe à côté de la carcasse carbonisée et comme désossée de l’Onslaught, volète entre les corps morts d’Orks et les débris rougeoyants. Son chasseur a été durement malmené par son pilotage cavalier et gravement endommagé par les assauts Orks et la dernière déflagration…

Un message de remerciement lui parvient du vaisseau cargo de l’Alliance Céleste, avant qu’il ne se translate dans l’Immaterium. Sebastion regarde le tourbillon du Warp s’ouvrir comme une gueule terrifiante cinglée d’éclairs roses malsains… Puis il se referme soudain, ne laissant que l’obscurité de l’espace dans son sillage.

Sebastion parvient à ramener le Lightning vers la frégate malgré les nombreuses avaries, et se pose en catastrophe. Le vaisseau impérial semble avoir triomphé des Raiders Orks, qui ne sont plus que des charognes calcinées. Ils s’agrippent encore à la frégate, leurs lances d’abordage consumées comme des mains squelettiques…

Le bouclier se réactive et Sebastion ouvre son cockpit. Il descend de l’appareil et retire son casque, essuie la sueur qui perle de son front.

- Lieutenant !

Sebastion se tourne vers la voix qui l’a interpellé. Cinq hommes sont en train d’approcher depuis les quais d’embarquement. Quatre gardes, l’arme au poing et la mine sombre, encadrent un Commissaire de la Garde Impériale. Ce dernier est vêtu de son uniforme noir à épaulières et de son képi, et arbore une expression de profond mécontentement… Sebastion soupire. Cela ne lui dit rien qui vaille.

mercredi 4 novembre 2009

Rogue Trader : Prologue, Part 2

Ce soir, mercredi 4 novembre 2009, aura lieu la suite du scénario "Prologue" pour Rogue Trader.

Joueurs présents : Matthieu, Cyril, Ludovic, Fabrice, Bastien